Fonction publique : CAP 2022 ou la réforme de l’administration française à la sauce libérale

Le 1er ministre Edouard Philippe vient de nommer un comité appelé « Action publique 2022« .

Composé de 34 membres, la mission du comité est de dessiner la future réforme de l’administration.

Parmi ses membres, figurent l’ex-président du Conseil italien Enrico Letta (adepte de la rigueur budgétaire et de la hausse de la TVA en Italie) , Per Molander un suédois qui a été le secrétaire en chef de la commission des catastrophes après le tsunami, le franco-australien Ross McInnes président de Safran, des hommes proches et soutiens de Mr Macron : Jean Pisani-Ferry et Philippe Aghion et le président de l’institut Montaigne, Laurent Bigorgne, l’ex-directeur de cabinet de Manuel Valls à Matignon, la cadre dirigeante de Nexity Véronique Bédague-Hamilius, et le directeur de Sciences Po Paris, Frédéric Mion.

Sont membres également des élus : l’ex-secrétaire d’Etat PS Clotilde Valter, le député LREM Jean-René Cazeneuve, la sénatrice LR Christine Lavarde ou encore les présidents PS de la région Centre François Bonneau, et celui de la métropole de Rouen Frédéric Sanchez.

Il y a également des ex : l’ex-conseiller social de François Hollande à l’Elysée, Nicolas Revel et Annie Thomas ex-présidente de l’Unedic, et ex-secrétaire nationale à la CFDT il y a près de 20 ans.

Commentaires FSU-Finances :

Issus principalement de la haute fonction publique, du monde politique et économique, on remarquera l’absence de syndicalistes, la sous-représentation des femmes et la quasi absence de progressistes dans ce comité.

La feuille de route fixée par l’exécutif pour la « transformation » de l’administration se résume en trois points : « améliorer la qualité des services publics », « offrir un environnement de travail modernisé » aux fonctionnaires et « maîtriser les dépenses publiques en optimisant les moyens ».

Le rapport du comité devra être remis à Mrs Macron et Philippe en février 2018, pour une « mise en oeuvre opérationnelle », prévue à partir de mars 2018.

Nos ministères économiques et financiers sont particulièrement concernés :

1/La rénovation du cadre des ressources humaines

Ce chantier doit mettre en œuvre une profonde rénovation du cadre de gestion des agents publics et des politiques de ressources humaines (RH) conduites par l’État.

L’ensemble des domaines et leviers RH seront appréhendés : cadre statutaire, rémunération, recrutement, dialogue social, management et leviers de motivation, qualité de vie au travail, prévention de l’absentéisme et risques professionnels, formation, parcours professionnels, déconcentration de la gestion, numérisation de la fonction RH.

Administrations pilotes : Direction générale de l’administration et de la fonction publique / Direction du budget

2/La modernisation de la gestion budgétaire et comptable.

Le chantier poursuit les objectifs suivants : renforcer la gestion pluriannuelle ; rendre les ministères et les entités publiques davantage comptables et responsables de leurs moyens et des économies à réaliser ; accroître l’efficience de la gestion budgétaire et comptable (tant dans son volet prélèvements obligatoires que dépenses).

Administrations pilotes : Direction du Budget / Direction générale des Finances publiques / Direction de la sécurité sociale

Commentaires FSU-Finances :

La feuille de route est claire quant à ses objectifs.

Il est à parier que les propositions qui seront faites auront une orientation très libérale, technocrate, bien éloignée des aspirations des personnels et des usagers. Elles seront très proches de la politique du gouvernement vu la composition de ce comité.

On devine le refrain de la chanson qui en découlera : faire plus avec moins de moyens, et pour un niveau de salaire qui se dégrade au fil des ans.

Notre vigilance est de mise pour éviter l’abandon d’un service public de qualité et égalitaire.