L’article 1 du « préambule » du projet de loi El Khomri explique l’état d’esprit de la loi, s’il affirme que « les libertés et droits fondamentaux de la personne sont garantis dans toute relation de travail.» Ils peuvent être soumis à des limitations « si elles sont justifiées par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise ».
Les droits des salariés sont ainsi, non plus protégés en tant que droits de l’homme, mais soumis aux nécessités décrétées par les besoins de profit et de dividendes du seul employeur et de ses actionnaires.
C’est la remise en cause historique, théorique, juridique et fondamentale d’un siècle entier de code du travail.
Le code du travail est né en 1910 après la catastrophe de Courrières de 1906 dans le Pas-de-Calais. Dans cette tragédie, 1.099 mineurs avaient perdu la vie au fond des puits. Le patron avait exigé que le travail reprenne en cessant la recherche des survivants, car sinon le charbon polonais allait arriver et il allait mettre la clef sous la porte.
Une douzaine de jours plus tard, 14 survivants étaient ré-apparus. Le choc émotionnel avait été tel qu’on avait décidé de créer le Ministère du travail pour qu’il échappe aux exigences du Ministère de l’économie.