Si ces mesures de sauvegarde paraissaient nécessaires, elles ont malheureusement été prises sans contreparties.
Les Etats européens, faute de s’être assuré un contrôle minimum des banques, sont plus que jamais à la merci des marchés financiers, auprès desquels l’Union européenne les contraint à se financer.
Le Président de la république et la majorité parlementaire élus en 2012 n’ont pas mis un terme aux politiques libérales conduites avant eux, et responsables de la crise.
Après l’acceptation sans renégociation du pacte budgétaire européen (ou TSCG : Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance), les mesures antisociales et économiquement néfastes s’enchaînent et s’accentuent. La précarité des finances publiques s’accroît encore.
1.1 La précarité financière des Etats : un choix politique …
Depuis le virage économique néolibéral initié il y a trente ans par Thatcher et Reagan, la même rengaine est ressassée à l’envi: le dépérissement des Etats-Providence serait inéluctable, parce que dicté par les lois de l’économie.
Il n’en est rien. Dès avant 2008, les déficits publics provenaient moins d’un excès de dépenses que d’un manque de recettes : cadeaux fiscaux aux plus aisés, baisse drastique de l’impôt sur les sociétés, facilitation de l’exil fiscal. L’appauvrissement des finances publiques n’a donc rien à voir avec une quelconque loi naturelle : il est le fruit d’une politique.
1.2 conforté par le contexte ultralibéral européen
Toute politique économique se heurte désormais à l’écueil du TSCG, lequel impose le strict respect des 3 % de déficit dans le budget des États signataires, et le plafonnement de leur dette publique à 60 % du PIB.
En France, faute de croissance, et les fraude/évasion/optimisation fiscales privant l’État de dizaines de milliards d’euros de recette, l’objectif des 3 % ne devient réalisable, en principe, qu’en opérant des coupes sauvages dans les budgets publics : c’est la politique d’austérité budgétaire du gouvernement actuel.
En contrepartie du non-respect des 3 % de déficit, la Commission, selon les dispositions du TSCG, exige des réformes dites structurelles : « réforme » de la protection sociale et des retraites, déréglementations à tout-va, « simplification » du code du travail.
La loi dite « MACRON » n’est rien d’autre que la réponse du gouvernement français au cadre contraignant du TSCG.
1.3.1 pour le plus grand bonheur de la sphère financière …
Contrairement aux autres banques centrales, la BCE (Banque Centrale Européenne) ne peut financer directement les déficits publics des États de la zone Euro.
Elle a pourtant prêté 1000 milliards d’euros, à un taux d’intérêt ridicule, aux banques européennes privées ébranlées par la crise des supprimes. Mais cette manne n’a pas bénéficié à l’économie réelle.
L’argent distribué par la BCE a essentiellement servi à alimenter la spéculation boursière : les indices des bourses européennes ont ainsi retrouvé, voire dépassé, leurs niveaux de 2008, et les marchés financiers réalisent des profits considérables en prêtant à des taux d’intérêt conséquents les milliards offerts par la BCE.
1.3.2 et du patronat
Les réformes structurelles demandées par la Commission, conduites par l’actuel gouvernement, profitent au patronat.
Le Pacte de responsabilité, applaudi par le MEDEF, a entraîné la baisse simultanée des cotisations patronales et de l’impôt sur les sociétés, et l’attribution sans conditions du Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi, pour un coût total avoisinant les 30 milliards d’euros annuels – lesquels sont financés par des économies budgétaires.
La loi dite « MACRON », sous couvert de modernisation du dialogue entre « partenaires sociaux », subordonne les dispositions légales du Code du Travail aux « accords » en entreprise, facilitant le chantage à l’emploi dans un contexte de compétitivité exacerbée par le dumping social.
1.4 Les politiques libérales menées en France et en Europe remettent en cause les acquis sociaux et les protections sociales.
Les salariés, les chômeurs et les retraités sont victimes de la concurrence généralisée et de la course au profit dictées par la loi des marchés.
La logique libérale substitue le contrat à la loi, le droit individuel au collectif.
Cette idéologie bloque l’ascenseur social.
Elle exclut un grand nombre de salariés pour gonfler les profits gigantesques d’une extrême minorité.
Elle brise toute forme de solidarité et contribue au développement de la précarité.
Elle détruit les liens sociaux.
1.5 Ces choix politiques libéraux redéfinissent le périmètre de l’intervention sociale de l’État
En vantant les vertus supposées des systèmes de protection individuelle via les fonds de pension, les complémentaires de santé privées, il s’agit de faire douter du système de protection sociale collective, régulièrement présenté comme non viable.
Son dépérissement organisé offre l’opportunité d’immenses profits aux acteurs financiers : la privatisation de la protection sociale permettrait de capter les sommes considérables constituées par les cotisations sociales.
Ces masses financières seraient investies sur les marchés financiers et les principaux acteurs de la finance internationale pourraient ainsi continuer à s’enrichir. Les assurés sociaux deviendraient alors les otages des marchés financiers.
Tandis que les politiques sociales s’amenuisent et sont dans l’incapacité de répondre à la crise, des politiques sécuritaires répressives et liberticides sont exercées à l’encontre du mouvement social : arrestations de travailleurs en lutte, criminalisation de l’action syndicale…
De nombreux droits sont attaqués, aboutissant à un accroissement des inégalités et à un développement de l’insécurité sociale pour des catégories de plus en plus larges de la population.
Dans la fonction publique la précarité s’aggrave et ses statuts sont fondamentalement remis en cause.
Il convient donc de combattre cette idéologie et d’agir contre ces politiques.
1.6 La FSU Finances entend préserver nos droits et contribuera à en faire émerger des nouveaux et participant à une transformation de la société, afin de construire un monde plus juste, plus solidaire, soucieux de l’environnement et des droits des femmes et des hommes.
1.7 Mauvaise répartition des revenus :
En vingt ans, la part de la masse salariale dans le produit intérieur brut français a été diminuée significativement.
150 milliards d’euros sont ponctionnés chaque année de la part qui revenait initialement aux salaires et aux cotisations sociales pour abonder la part revenant au capital et en très grande partie celle des actionnaires.
En 2011, la part des salaires représente 58,7 % de la valeur ajoutée en France.
Elle a progressé de 1,9 % depuis 2007.
En France, les dividendes versés aux actionnaires représentaient en 1982 4,4% de la masse salariale, ils s’élevaient à 12,4% en 2007.
Si le niveau des salaires stagne depuis trente ans, le CAC 40, créé en 1987, s’est apprécié de 300 % sur la même période.
Selon la Banque des règlements internationaux (juillet 2007) « La part des profits est inhabituellement élevée à présent et la part des salaires inhabituellement basse. En fait, l’amplitude de cette évolution et l’éventail des pays concernés n’ont pas de précédent dans les quarante-cinq dernières années.»
1.8 Ces chiffres doivent être au cœur du débat des réformes sociales :
Emplois, retraites, sécurité sociale, pouvoir d’achat, lutte contre la précarité, diminution du temps de travail.
Tout programme ciblé sur le recul du chômage doit modifier la répartition des revenus.
Le chômage est le sous-produit de la captation des gains de productivité par les détenteurs de revenus financiers.
Les gains de productivité ont été insuffisamment redistribués aux salariés sous forme de salaire ou par le biais de réduction du temps de travail ou de créations d’emploi correspondantes.
Il convient de réduire la part des revenus financiers, afin d’éviter une pression concurrentielle excessive du marché mondial, et par suite des délocalisations.
Fin 2014, l’Union européenne comptait 24,5 millions de chômeurs soit 11,5% de la population active dans la zone euro (chiffres Eurostat).
Le nombre d’heures travaillées n’a cessé de diminuer grâce à l’explosion de la productivité horaire.
Le nombre d’actifs a augmenté significativement au cours des 50 dernières années avec l’arrivée massive des femmes sur le marché du travail.
Le refus d’organiser collectivement la Réduction du Temps de Travail est une des causes premières du chômage de masse et de la précarisation de l’emploi (temps partiel subi, intérims, stages, CDD etc …).
En 2015, près de 25 % des moins de 25 ans (hors personnes scolarisées) sont sans emploi en métropole.
10,3% de la population active est au chômage en France métropolitaine.
On constate l’impasse idéologique du «travailler plus pour gagner plus», et l’inefficacité des politiques menées par l’actuelle majorité : plus de 2 millions de chômeurs supplémentaires inscrits à pôle emploi entre 2007 et 2015.
L’exonération de cotisations sur les heures supplémentaires a contribué à aggraver le chômage. C’est un échec social et une erreur politique lourde de conséquences.
Précarité :
3,2 millions d’employés sont en statut précaire (12,3 % de l’ensemble des salariés), la plupart en CDD.
Le nombre de CDD courts (moins d’un mois) explose : ils représentent deux tiers des contrats signés (chiffres OFCE).
90 % des embauches se font en CDD, intérim ou apprentissage.
Ces salariés précaires sont les plus soumis aux aléas économiques.
Le taux de précarité varie en fonction de l’âge, mais pour les jeunes et les femmes la situation est encore plus délicate.
De plus une partie des salariés en CDI est dans une situation fragile. Ils peuvent être licenciés rapidement.
Il faut admettre que l’on peut travailler moins, tout en travaillant mieux et surtout en travaillant tous.